Ce jour, la FNEC FP-FO a voté contre le projet de décret modifiant le fonctionnement du service de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR), lors du comité social d’administration ministériel.
Ce vote s’appuie sur l’analyse approfondie conduite par le SNCI-FO qui a expertisé le projet et alerté sur ses insuffisances majeures.
Ce texte prétend renforcer la collégialité du service, mais il laisse entier le problème central révélé par la commission d’enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires : la possibilité, pour la cheffe de l’Inspection générale, de modifier unilatéralement la lettre de transmission d’un rapport destinée au ministre.
Les auditions ont pourtant montré comment cette lettre de transmission sur le rapport concernant le collège Stanislas avait été réécrite, changeant le sens du travail mené par la mission d’inspection.
Or, le projet de décret ne précise toujours pas :
- qui rédige la lettre de transmission des rapports d’inspection ;
- qui la valide ;
- et selon quelles garanties de transparence et de collégialité elle est transmise au ministre.
Le risque de manipulation du contenu des rapports demeure donc intact.
Le chef de l’inspection générale conserve un pouvoir exclusif sur la validation et la diffusion des travaux des inspecteurs, sans contreseing ni droit de regard des rapporteurs.
Le SNCI-FO et la FNEC FP-FO reconnaissent les apports limités du texte en matière de travail collectif — création d’un comité des suites et de comités de relecture —, mais ces dispositifs restent purement procéduraux : ils sont désignés et pilotés par le chef de l’inspection générale et ne disposent d’aucun pouvoir décisionnel sur les documents transmis au ministre.
Pour nos organisations, ce texte ne protège ni l’indépendance intellectuelle ni la loyauté institutionnelle des inspections.
Il ne tire aucune leçon du scandale révélé devant la représentation nationale et ne garantit toujours pas que les ministres reçoivent les rapports dans leur version authentique.
Enfin, la FNEC FP-FO et le SNCI-FO rappellent leur opposition constante à la fonctionnalisation des postes d’inspection générale, qui affaiblit le statut des inspecteurs, les expose à des pressions hiérarchiques et compromet leur mission de contrôle indépendant de l’action publique.
Nous demandons une révision complète du décret, afin de garantir :
- la co-signature obligatoire des lettres de transmission par les auteurs des rapports ;
- la traçabilité des modifications postérieures à leur validation ;
- et la publication intégrale des rapports, sauf exception légale.
Tant que ces garanties ne seront pas inscrites dans les textes, l’Inspection générale ne pourra pas jouer pleinement son rôle au service de la vérité, de la transparence et de la République.