LA SOCIÉTÉ MALADE DE LA GESTION

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IDÉOLOGIE GESTIONNAIRE, POUVOIR MANAGÉRIAL ET HARCÈLEMENT SOCIAL, VINCENT DE GAULEJAC, PROFESSEUR DES UNIVERSITÉS

Sous une appa­rence prag­ma­tique, la ges­tion consti­tue une idéo­lo­gie qui légi­time la guerre éco­no­mique et qui est lar­ge­ment res­pon­sable de la crise actuelle. La culture de la per­for­mance met tout le monde sous haute pres­sion : stress, épui­se­ment pro­fes­sion­nel, burn out, sui­cides au tra­vail. La socié­té devient un mar­ché, un champ de bataille où le remède pro­po­sé aux méfaits de la guerre éco­no­mique consiste tou­jours à dur­cir la lutte.

Face à cette muta­tion, la poli­tique, éga­le­ment conta­mi­née par le « réa­lisme ges­tion­naire », semble impuis­sante à des­si­ner une autre voie. Peut-on repen­ser la ges­tion comme l’instrument d’organisation d’un monde com­mun ? Une ges­tion humaine des res­sources plu­tôt qu’une « ges­tion des res­sources humaines ». C’est jus­te­ment la piste qu’ouvre ici le diag­nos­tic du socio­logue cli­ni­cien.

Vincent de Gau­le­jac : membre fon­da­teur de l’Institut inter­na­tio­nal de socio­lo­gie cli­nique, pro­fes­seur de socio­lo­gie à l’université Paris VII-Dide­rot, il est notam­ment l’auteur de Qui est « je » ? (Seuil, 2009) et de Tra­vail, les rai­sons de la colère (Seuil, 2011).