UNE OS AYANT ACCOMPAGNÉ LA DÉGRADATION DE NOS CONDITIONS DE TRAVAIL ŒUVRE À “ALLÉGER ET À SIMPLIFIER” NOS MISSIONS…
Le SIEN-UNSA participe à un groupe de travail avec le Ministère visant à simplifier nos conditions de travail. Trop longtemps, l’hégémonie de cette organisation syndicale en matière de représentation des personnels d’inspection a été totale. Durant cette période, nos conditions de travail et de rémunération se sont dégradées avec une constance affligeante.
Nous lui devons par exemple l’individualisation et l’intensification de notre évaluation. Elle a rédigé, avec le Ministère et le SUI-FSU l’arrêté portant sur les modalités d’évaluation des personnels d’inspection d’octobre 2024. Nous devons encore à ces deux organisations l’individualisation de nos rémunérations et l’introduction des classements et de la rémunération dite au “mérite” grâce à leur vote en juillet 2021 en faveur du RIFSEEP.
De postures constantes d’accompagnement, en votes opposés aux intérêts des personnels d’inspection, nous sommes en droit de nous demander quelle est la boussole de ces organisations ?
Le SNCI-FO regroupe quant à lui des inspectrices et des inspecteurs conscients de cet état de fait, qui s’organisent, réfléchissent et agissent pour changer la donne.
Nous élaborons des positions claires en nous appuyant sur le terrain et l’analyse de la situation. En matière d’amélioration des conditions de travail et de rémunération (nous ne dissocions pas ces deux questions) l’écoute jour après jour d’inspectrices et d’inspecteurs met en lumière une perte de sens et un épuisement professionnel profonds qu’ils relient :
- à la culture de” l’urgence”, à la multiplication des tâches au gré de l’actualité et au changement perpétuel
- à l’allongement perpétuel du temps de travail
- à la multiplication des applications et des procédures numériques
- à la généralisation de dispositifs de satisfaction permanente de ”l’usager client” (mails directs aux recteurs qui reviennent sur nos bureaux)
- à la quantophrénie institutionnelle, pathologie qui consiste à vouloir traduire systématiquement les phénomènes sociaux et humains en chiffes (Évaluations nationales, indicateurs chiffrés…)
- à l’individualisation et à la mise en concurrence en matière de rémunération et de mobilité professionnelle
- à la “culture de l’excellence” comme normalité (ce qui est en soi un paradoxe) liée à nos lettres de missions et à nos modalités d’évaluation
- à un manque de soutien des DASEN et des Recteurs, voire un management toxique
- à une formation inadaptée aux réalités de terrain et aux finalités de l’École publique
- à des moyens insuffisants pour l’exercice de nos missions (Secrétariats, Conseillers pédagogiques, postes d’Enseignants titulaires et titulaires remplaçants)
- à des salaires trop bas et des primes indignes et incertaines
Cet état des lieux nous a permis d’élaborer collectivement, démocratiquement, au sein de nos instances, des réponses aux difficultés que rencontrent les personnels d’inspection. Nous agissons donc avec un mandat clair que nous ont confié nos adhérents : défendre, réellement, les intérêts individuels et collectifs des personnels d’inspection et l’École publique :
- Des moyens humains à la hauteur des besoins :
- augmentation du nombre de postes aux concours de recrutement
- le recrutement de personnels administratifs (secrétariats), de conseillers pédagogiques et chargés de mission à la hauteur des missions assignées aux personnels d’inspection
- le recrutement d’Enseignants titulaires et titulaires remplaçant à la hauteur des besoins
- en l’absence de moyens suffisants en ressources humaines et moyens matériels, que les personnels d’inspection ne puissent être tenus responsables de la dégradation du service public d’éducation
- Temps de travail et rémunération :
- l’accès à la retraite dès 60 ans à taux plein,
- l’augmentation des salaires, l’abandon de toute forme de rémunération dite “au mérite”, le juste remboursement des frais occasionnés par les déplacements professionnels
- Une réelle protection face aux RPS :
- le respect des protocoles des CHSCT et des enquêtes administratives
- la mise en place d’un accompagnement de tous les personnels d’inspection de nature à les protéger face aux RPS
- une obligation de réponse immédiate et un soutien systématique de la hiérarchie.
- Le recentrage de l’activité des personnels d’inspection sur leurs missions d’expertise pédagogique, didactique, éducative et leur rôle de conseil en lien avec les finalités de l’École publique laïque, obligatoire et gratuite, fondée dans une République laïque, démocratique et sociale
- L’abandon des principes du “nouveau management public” comme principes organisateurs de l’activité des personnels d’inspection :
- l’abandon des lettres de mission et de toute forme de contractualisation contribuant au profilage des postes
- le respect de l’indépendance des personnels d’inspection, dans les cadres légaux et réglementaires nationaux, adossée au statut général de la fonction publique, dans l’exercice de leur mission et de la hiérarchisation des tâches qui en découlent
- La bifurcation pédagogique de notre formation initiale et continue :
- la participation des personnels d’inspection aux instances paritaires concernant leur formation
- la dénonciation de l’exclusivité de la convention entre l’IH2EF et l’IAE France
- la bifurcation pédagogique de la formation des inspectrices et des inspecteurs en lien avec leurs missions, leurs préoccupations et l’intérêt général.
- Un moratoire sur les évaluations nationales et internationales accompagné d’une réflexion sur les modalités de conduite des politiques éducatives associant les personnels d’inspection prenant en compte notre activité d’inspection
- La défense et l’extension du Statut général de la Fonction publique :
- l’abrogation de la loi de transformation de la Fonction publique qui remet en cause les instances de représentation des personnels (prérogatives des CAP, transformation des CHSCT en Formations spécialisées des CSA…) et s’attaque ainsi directement au Statut des personnels
Les discussions conduites dans le cadre de ce GT entre le SIEN-UNSA et le Ministère ne laissent apparaître aucune analyse ni aucune proposition de cette nature. Dès lors, il est fort à craindre qu’une fois encore, rien qui ne permettra de résoudre les difficultés que rencontrent les personnels d’inspection n’en sortira.
Le SNCI-FO adresse à nouveau à la Direction de l’encadrement sa demande de participation au GT “allégement et simplification des missions des personnels d’inspection”, ceci en vertu de la représentativité de sa fédération au CSA Ministériel.