Évaluation des écoles : l’essorage se poursuit

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La sur­charge de tra­vail et d’injonctions que subissent ins­pec­trices et ins­pec­teurs au quo­ti­dien génèrent la perte de sens de trop nom­breuses mis­sions ?

Qu’à cela ne tienne !

Le minis­tère et le Conseil d’Évaluation de l’École les engagent à marche for­cée dans les éva­lua­tions d’écoles…

… La ficelle d’une énième « expé­ri­men­ta­tion » ne dis­si­mule pas l’obligation faite aux IEN de mettre en œuvre dans les meilleurs délais un dis­po­si­tif éva­lua­tif issu du monde du pri­vé. Là encore, les faits sont tan­gibles, le pas­sage en force est bien réel.

« L’expérimentation » pré­vue de sep­tembre à décembre 2021 encore inache­vée, son bilan pré­vu en jan­vier 2022 encore non ini­tié, et déjà, alors même que les fêtes de fin d’année sem­blaient si loin­taines, toute la machi­ne­rie ins­ti­tu­tion­nelle s’activait afin d’organiser l’évaluation mas­sive et sys­té­ma­tique des écoles dans les dépar­te­ments.

Aux IEN du pre­mier degré qui ont choi­si ce corps pour le tra­vail de proxi­mi­té sur le ter­ri­toire d’une cir­cons­crip­tion, le minis­tère impose une démarche éva­lua­tive chro­no­phage, imper­son­nelle et hors sol.

Cen­sés prendre appui sur un pro­to­cole incer­tain, les IEN sont « invi­tés » à enga­ger des écoles « volon­taires » dans un dis­po­si­tif d’évaluation interne (concer­nant l’école en auto­no­mie), puis externe (impli­quant l’IEN et son équipe hors de sa cir­cons­crip­tion).

En quoi un dis­po­si­tif de cette nature révé­le­rait des élé­ments plus per­ti­nents que ceux que peuvent mettre en lumière un IEN et son équipe, aux côtés des équipes péda­go­giques, dans une rela­tion de proxi­mi­té ?

Un simple détour épis­té­mo­lo­gique per­met de réaf­fir­mer la force du lien entre l’examen par­ta­gé dans la durée au sein d’une com­mu­nau­té pro­fes­sion­nelle et le déve­lop­pe­ment d’une objec­ti­vi­té (Karl Pop­per, La connais­sance objec­tive, 1972).

Le ques­tion­ne­ment des éva­lua­tions d’école, telles que veut les mettre en place le minis­tère, met à jour les fon­de­ments idéo­lo­giques inadap­tées à un ser­vice public qui les sous- tendent : logique mana­gé­riale, de contrôle, détri­co­tage des liens pro­fes­sion­nels his­to­riques de proxi­mi­té, … que ne par­vient pas à mas­quer un dis­cours aux tona­li­tés « bien­veillantes ».

Le malaise des IEN appelle urgem­ment une écoute réelle et une réponse d’une autre nature.